Ramen sauce cacahuète japonaise

9 mars 2013

Ramen sauce cacahuète japonaise

C'est pour alimenter le jeu culinaro-littéraire de Tiuscha du blog " Saveur Passion " ( qui vient de fêter son 6ème anniversaire ) que j' ai réalisé cette recette.

Des ramen sauce à la cacahuète pour illustrer le livre de Muriel Barbery : " L'élégance du Hérisson ", un livre que j'ai trouvé à la fois drôle et émouvant.

Quand Renée est invitée à dîner chez M. Ozu .....

Extraits

M. Ozu m'accueille avec un grand sourire.
- Bonsoir Madame ! claironne t-il avec, on dirait, une allégresse non feinte.
- Eh bien bonsoir, dis-je et je bouscule pratiquement mon hôte pour entrer.
- Laisser moi vous débarasser, dit M. Ozu en continuant de sourire beaucoup.
Je lui tends mon sac à main en parcourant du regard l'immense vestibule.
Mon regard heurte quelque chose.

Juste en face de l'entrée, dans un rai de lumière, il y a un tableau.
Voici la situation: moi, Renée, cinquante sept ans et des oignons aux pieds, née dans la fange et destinée à y demeurer, me rendant à dîner chez un riche Japonais dont je suis la concierge pour la seule faute d'avoir sursauté à une citation de Anna Karénine, moi, Renée, intimidée et effrayée jusqu'en ma plus intime moelle et consciente à m'en évanouir de l'inconvenance et du caractère blasphématoire de ma présence en ce lieu qui, bien que spacialement accessible, n'en signifie pas moins un monde auquel je n'appartiens pas et qui se garde des concierges, moi, Renée, donc, je porte comme par mégarde le regard juste derrière M. Ozu sur ce rai de lumière frappant un petit tableau au cadre de bois sombre.

Je contourne M. Ozu, happée par la vision.
C'est une nature morte qui représente une table dressée pour une collation légère d'huitres et de pain.

Je suis une fervente admiratrice des natures mortes.

Les natures mortes de Pieter Claesz, de Willem Claesz-Heda, de Willem Kalf et de Osias Beert sont les chefs-d'oeuvre du genre et des chefs-d'oeuvre tout court, pour lesquels sans un instant d'hésitation, je donnerais tout le quattrocento italien.
Or celle-ci, sans hésitation non plus, est indubitablement un Pieter Claesz.

C'est une copie, dit derrière moi un M. Ozu que j'ai complètement oublié.

Je sursaute ...

Je me retourne ...

... Je dis : Comme c'est beau.

Chez M. Ozu, tout est très grand et très beau.

Venez me dit M. Ozu nous n'allons pas rester ici, c'est trop cérémonieux.Nous allons dîner à la cuisine, d'ailleurs c'est moi qui cuisine.

Je ne sais pas si vous connaissez la cuisine japonaise, me dit-il.
Pas très bien répondis-je.

Je déguste aux baguettes des gyosas bourrés de coriandre et de viande parfumée et, expérimentant un sidérant sentiment de détente, bavarde avec M. Ozu comme si nous nous connaisssions depuis toujours.

Vous aimez la peinture hollandaise ? me demande-t-il et, sans attendre la réponse: Si on vous donnait le choix entre la peinture hollandaise et la peinture italienne, laquelle sauveriez-vous ?
Nous argumentons le temps d'une fausse passe d'armes où je prends plaisir à m'enflammer pour le pinceau de Vermeer- mais il s'avère très vite que nous sommes de toute façon d'accord.

Vous pensez que c'est un sacrilège ? je demande.
Mais pas du tout, chère madame, me répondit-il en ballotant cavalièrement un malheureux ravioli de gauche à droite au-dessus de sa coupelle, pas du tout, croyez-vous que j'aie fait copié un Michel-Ange pour l'exposer dans mon vestibule ?

Il faut tremper les nouilles dans cette sauce, rajoute-t-il en posant devant moi un panier d'osier rempli desdites et un somptueux bol bleu-vert duquel monte un parfum de ... cacahuète. C'est un " zalu-ramen ", un plat de nouilles froides avec une sauce un peu sucrée. Vous me direz si vous aimez.

Et il me tend une grande serviette en lin ficelle.
Il y a des dommages collatéraux, prenez garde à votre robe.
Merci dis-je.
Et, allez savoir pourquoi, j'ajoute : ce n'est pas la mienne

Le goût des nouilles trempées dans la sauce à la cacahuète est céleste. Je ne saurais en revanche jurer de l'état de la robe de Maria. Il n'est pas facile de plonger un mètre de nouilles dans une sauce semi-liquide et de l'ingurgiter sans commettre de dégâts. Mais comme M. Ozu avale les siennes avec dextérité et néanmoins force bruits, je me sens décomplexée et j'aspire avec entrain mes longueurs de pâtes

La recette

Il faut des nouilles ramen que j'ai trouvées précuites au moment du nouvel an chinois.

Pour la sauce (recette ici)

1 c.à s de beurre
1 gousse d'ail écrasée (plus selon votre goût)
2 échalotes finement hachées
150 ml d'eau chaude
2 c.à s de sauce soja
5 c.à s de beurre de cacahuètes doux
1 c.à.c de gingembre râpé
un peu de sauce piquante (chili) (si vous le désirez)

Faire fondre le beurre dans une poêle et ajouter l'ail et les échalotes.
Cuire jusqu'à ce que le mélange soit translucide.
Verser l'eau, la sauce soja, le beurre de cacahuète et le gingembre.
Porter à ébullition et assaisonner avec la sauce piquante.
Faire réduire jusqu'à la consistance voulue.